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30/08/2013

Syrie : la Chambre des communes dit non à la guerre

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En France, Hollande (comme Sarkozy pour la Libye) avait prévu un "débat sans vote" !   Leçons de l'événement :

  


Ce qui vient de se passer à Westminster est instructif. Par 285 voix contre 272, la Chambre des Communes vient d'interdire à Cameron de s'engager avec Obama dans une aventure militaire en Syrie. ''Le Parlement britannique, reflétant l'opinion du peuple britannique, ne veut pas d'une action militaire britannique: j'ai reçu le message, et le gouvernement agira en conséquence", a commenté le Premier ministre britannique. Le ministre de la Défense Hammond a confirmé : '' L'armée britannique ne sera pas engagée dans une nouvelle opération militaire...'' Le mot ''nouvelle'' fait allusion à la monstruosité de 2003 : le suzerain étatsunien (avec son ban et son arrière-ban) envahissant l'irak, avec pour prétexte un mensonge sur les ''armes de destruction massive''. Mensonge usiné à Washington (Colin Powell et ses fallacieuses fioles d'anthrax), mais que Londres gonflait jusqu'à l'obscène (Blair et ''les missiles de Saddam capables d'atteindre l'Angleterre en quinze minutes'')... C'est le souvenir de cette catastrophe (l'invasion et l'occupation), avec ses effets illimités (l'Irak voué au feu et au sang), qui a conduit les Communes à se révolter en août 2013 contre une réédition, dix ans après, de l'imposture de 2003.

Cette révolte est doublement étonnante. D'abord pour nous, Français, habitués à des députés que l'Elysée laisse batifoler avec Taubira, mais qu'il ne laisse pas se prononcer sur les guerres... Très agités par le désir de faire oublier notre absence de 2003 en Irak (absence non pardonnée par la classe politique US), Hollande-Ayrault avaient prévu un ''débat sans vote'' sur la Syrie à l'Assemblée nationale. C'est tout dire.

Le vote des Communes est étonnant aussi par ses effets sur la ''relation spéciale'' Londres-Washington : '' ce vote pèsera sans doute sur elle'', a avoué Hammond.  Bonne nouvelle pour l'Europe...

Obama accuse le coup. « Le président fera ce qu'il pense servir au mieux les intérêts du peuple américain, sans se soucier de ce que d'autres pays pourraient faire ou ne pas faire », disent John Kerry et Susan Rice. On sait en quelle estime Washington tient les ''autres pays'' (''rest of the world'') ; lors de la crise malienne, Mme Rice, à l'ONU, avait ainsi résumé les positions françaises : ''c'est de la merde.''

Mais Obama aura du mal à vendre sa guerre au ''peuple américain'', qui semble avoir tiré (mieux que la classe politique) le bilan de la bourde irakienne. Le président a même du mal à vendre cette guerre à des sénateurs bellicistes : ainsi l'ultraconservateur de l'Oklahoma, James Inhofe : "l'administration nous a informés qu'elle disposait d'une 'vaste gamme d'options' pour la Syrie mais n'a pas pu exposer une seule option. Elle n'a pas non plus présenté de calendrier, de stratégie pour la Syrie et le Moyen-Orient ni de plan de financement d'une telle option." Du côté démocrate, plusieurs élus ne croient pas aux ''communications entre responsables syriens de haut rang'' qui auraient été ''écoutées'' (tiens donc, pour redorer le blason de la NSA ?). Ces sénateurs voudraient en savoir plus sur les observations des satellites russes qui attribueraient le gazage de la Ghouta à deux missiles tirés d'une zone rebelle ; ces observations auraient été déposées au conseil de sécurité de l'ONU, et cela coïnciderait avec la prudence apparue dans les propos d'Obama depuis quarante-huit heures... Vrai ou faux ?   

Revenons à Paris. En écho au vote de la Chambre des communes, Hollande changeait de ton lui aussi hier soir : 'Tout doit être fait pour une solution politique en Syrie", déclarait-il.   

Mais les agences continuent à dire que ''les Occidentaux jugent possible d'agir (contre Damas) sans résolution du Conseil de sécurité''. Qui sont ''les Occidentaux'' si Londres n'en fait plus partie ? Washington, Ottawa et Canberra ? Pour revenir au réel, il faut commencer par ne plus parler d' ''Occident''.

 

  

syrie,hollande

 

10:39 Publié dans Europe, Syrie, USA | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : syrie, hollande

Commentaires

LA FORCE DES CHOSES

> La force des choses va-t-elle vraiment amener Londres à rompre la chaîne qui la lie à Washington ? John Le Carré mourrait heureux.
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Écrit par : Loyalist / | 30/08/2013

PAS DE LIBERTE

> Les députés qui batifolent avec Taubira ? Pas vraiment pour ceux de la majorité, à qui la liberté de vote n'a pas été accordée, si je ne m'abuse...
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Écrit par : JG / | 30/08/2013

à JG:

> Raison de plus pour saluer le courage des 10 députés de cette majorité qui ont fait usage de cette liberté en votant contre (4 communistes, 4 socialistes, 2 radicaux, aucun verts...).
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Écrit par : grzyb / | 30/08/2013

> Bagdad, Le Caire et Damas...

http://www.lejournaldepersonne.com/2013/08/bagdad-le-caire-damas/

Si l'Amérique le décide. Le reste du monde se suicide.
Parce que cette énorme puissance n'a pas d'alliés mais seulement des laquais.
Quand elle se leurre, ce sont les autres qui meurent... Parce que tout le monde attend ses faveurs et défend sa couleur... la couleur de l'argent... l'argent qui règne en infiltrant le monde avec ses agents doubles... ses agents troubles.
L'Amérique on la suit, ou on la subit. Il n'y a pas d'autre alternative : c'est l'éternelle cigarette du pendu, qui permet aux uns et aux autres de reculer l'échéance sans connaître la délivrance.
Qui n'a pas encore signé le pacte avec le diable ?
C'est le moment où jamais pour tous ceux qui se veulent ses plus dignes héritiers.
Il paraît qu'ils ont déjà signé. Et qu'ils sont toujours bien disposés pour saigner pour la survie de leur nouvelle planète bleue nuit. Le capitalisme et l'impérialisme réunis, n'ont pas fini de vider de leur substance, toute poche de résistance. Hier, Bagdad, aujourd'hui le Caire et demain Damas.
Trois ignobles mensonges pour nous signifier que le monde n'appartient plus qu'à quelques uns : les plus riches qui ne cessent de s'enrichir et nous faire fléchir devant une éventuelle troisième guerre.
Bagdad et ses armes de destruction massive... Le Caire et son général Al-Sissi qui font comme si l'Égypte s'en est sortie, en oubliant de dire que l'armée, toute l'armée est financée et influencée par son oncle d'Amérique; qu'elle a beau crever l'abcès intégriste, elle ne pourra jamais prétendre à quelque intégrité. Son antinomie ne favorisera pas son autonomie. Force subalterne dirigée par des subalternes
Et demain ? Damas qu'on veut passer à l'as...Sous prétexte d'utilisation d'armes de destruction chimique.
Après demain, on dira qu'on s'est tout de même débarrassé d'un tyran. Qu'à toute chose, malheur est bon... mon cul!
Je dis : NON, parce qu'il n'y a pas plus grand malheur qu'un leurre collectif, conçu comme arme de destruction idéologique.
Une mauvaise idée qui traîne et entraîne tous ceux qui sont politiquement à la traîne. Nous avons armé les rebelles. Mais cela n'a pas suffi. Nous nous apprêtons donc à désarmer les forces qui ne sont pas sous notre tutelle.
Qui sommes nous donc ? Des terroristes... rien que des terroristes qui sont prêts à tout au nom de la vérité, pour faire valoir leurs intérêts.
Je m'adresse à tous les internautes qui ont élevé la voix comme un seul homme pour dire NON, qu'ils ont beau crier, ils n'inverseront pas la tendance ...

Parce que le NET quoi qu'on en dise... est soumis à leur planète... camarades, on va bientôt découvrir toute l'étendue de notre illusion :
Nous ne sommes que des épiphénomènes.
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Écrit par : le journal de personne / | 30/08/2013

LES JOURNALISTES FRANCAIS, BOBOS BELLIQUEUX

> D'où vient cet enthousiasme chez une partie conséquente des journalistes français, en faveur de l'intervention militaire? je ne comprends pas. Ils avaient pourtant massivement critiqué l'administration Bush lorsque celle-ci avait décidé d'attaquer l'Irak - sans l'aval de l'ONU.

Cette profession est devenue particulièrement belliqueuse ces derniers temps; que ce soit la Libye, le Mali, la Syrie nous sommes accablés par tout un chorus de voix, passablement excitées, - à la radio comme dans les journaux - qui exigent la guerre. La guerre est si jolie en première page - sauf si vous préférez faire la promotion de l'intégrale Serge Gainsbourg.
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Écrit par : Blaise / | 30/08/2013

UN PAYS CORROMPU

> Pour ceux qui n'auraient pas encore compris à propos de la liberté de vote. Nous sommes dans un pays corrompu. Dans un conseil municipal par ex, on peut s'étonner parfois que toute la majorité vote comme un seul homme derrière le maire. Quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que chacun est lié par un avantage : tel adjoint ne saurait boucler son budget sans ses indemnités, tel autre a obtenu un job, une place en crèche ou un logement pour un proche.
A l'assemblée, la pression doit être du même genre : financière, non renouvellement de l'investiture aux prochaines élections etc
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Écrit par : Françoise / | 30/08/2013

LES DOMINANTS

> quand ils ont la faiblesse de laisser voter les élus du peuple, les dominants on de ces déconvenues. C'est pourquoi l'idée qui monte est : "la démocratie politique ça commence à bien faire. Que les députés se content de s'occuper des moeurs."
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Écrit par : maksoud / | 30/08/2013

BAS EMPIRE

> Retournement d'alliances, soutien à des régimes corrompu, expédition punitives cruelles, tout cela mené par un milieu dirigeant lui même corrompu jusqu'à la moelle. Du déja vu, du déja lu dans Tacite: c'est Rome finissante. On sait comme cela finit.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/08/2013

FOLLOWER

> N'oublions pas que M. Hollande est un "young leader", en fait un "follower".

@ maksoud: quand les gens votent "bien", c'est de la démocratie, sinon, c'est du populisme.
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Écrit par : Pierre Huet / | 31/08/2013

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